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Et voila, c'est fini!!!!!!
Il y a eu, jusqu'à présent, pas mal mal de visites sur ce blog et cela me fait plaisir, cependant, j'aurai aimé avoir quelques commentaires (même négatifs...)...
Enfin, tant pis!!!!!
Amitié
HUGO
La DS noire
Ma mère avait une amie d’enfance avec
qui elle était toujours restée en contact. Dès son arrivé en métropole (« après
l’exode ») elle avait pris contact avec mes parents. Elle avait fait le
grand voyage accompagné de son mari, bien sûr, et de sa mère. Les deux amies
s’étaient d’abord écrit puis téléphonés. Puis, un jour ils vinrent nous
visiter. Le mari de l’ami de ma mère dit qu’il avait garé sa voiture sur le
trottoir devant l’immeuble et, se rendant compte que ce n’était pas exactement
une brillante idée, il demanda qu’on lui indique un autre endroit. Mon père lui
indiqua qu’il pouvait la laisser dans l’impasse après le pont de chemin de fer.
Je me proposais alors, avec insistance, de lui montrer l’endroit. Après avoir
obtenue l’accord de mon père, j’allais donc avec lui. Arrivé sur le trottoir,
je découvrais l’engin : une superbe DS de couleur noire ! L’auto
m’impressionnait beaucoup et semblait énorme à mes yeux d’enfant. Certes, j’en
avais déjà vu mais celle-ci appartenait à l’ami de mes parents : c’était
un peu comme si elle m’appartenait… Et puis j’allais m’installer dans l’auto et
cela me remplissait de joie. De plus, j’avais une mission de guide qui me
conférait une certaine importance. Je prenais mon rôle très au sérieux et
déclarais qu’il n’était pas utile de quitter le trottoir pour rouler sur la
route comme les autres autos, car il suffisait de passer sous le pont et
tourner ensuite à droite. J’ajoutais que mon père avait fait cette manœuvre de
maintes fois et qu’il n’avait jamais eu de problème. Mes réflexions de gamin
amusaient beaucoup l’ami de mes parents. Il déclara que c’était d’accord, et
que de toute façon c’était moi le capitaine de la manœuvre. Le démarrage fut un
peu brusque et l’auto se cabra : cela m’avait surpris et impressionné.
J’appris plus tard que cela était surtout dut aux suspensions particulièrement
molles de l’engin. Elle n’était en rien comparable avec l’Aronde de mon
père : ce fut, pour le gamin que j’étais, une vraie aventure. Nous
roulions lentement sous le pont quand, soudain, un piéton surgit de derrière
une pile. L’ami de mes parents dut freiner brusquement. La surprise passée,
j’avais crue malin de déclarer un « c’est mieux de ne pas le toucher, cela
aurait risqué d’abîmer la belle peinture de l’auto », qui n’eu pas l’effet
escompté sur le propriétaire de la DS. Avec le recul, je comprends sa réaction,
mais à l’époque j’en fus surpris. Nous reprîmes notre chemin et la voiture fut
finalement garée dans le petit chemin en terre battue, qui jouxtait le talus de
la voie de chemin de fer. Ma mission était accomplit et j’en tirais une
certaine fierté. Cela m’avait fait oublié l’effet qu’avait provoqué ma mauvaise
blague…
Plus tard, nous irions les visiter à Creil,
où il venait de s’installer. A cette époque, ils habitaient un quartier fait de
plusieurs résidences récentes aux bâtiments de quatre ou cinq étages. Certaines
bâtisses étaient construites de pierres meulières et avaient, pour l’époque, un
certain cachet. De larges espaces verts avaient été aménagés et le quartier
s’étendait jusqu’en lisière d’un bois et de champs de maïs. L’endroit avait
l’air d’être agréable. Le seul inconvénient de cette ville, c’est qu’elle est
située à soixante kilomètres de la capitale. Mes parents, à l’époque,
travaillaient tous deux à Paris, cependant, quelques mois après, ils décidèrent
d’aménager là. Le nouvel appartement était moderne, spacieux et avait toutes
les commodités. Mon école était à proximité et elle était neuve elle aussi.
Une nouvelle vie commençait et nous
avions échappé des griffes du « lion d’or »…
Lyon
Novembre 2006
L’Aronde allait nous permettre
d’échapper au quotidien et, pour la première fois depuis notre arrivé en
métropole, partir en vacance. Un collègue de travail de mon père lui avait
proposé qu’ils se rencontrent pendant l’été. Cet homme était d’origine
espagnole et passait tout ces congés à Santander, pas très loin de la frontière
espagnole sur la côte atlantique. Il possédait là-bas une maison. Mes parents
avaient décidés que nous ferions du camping et que nous passerions une
quinzaine de jours à Santander. Le fameux collègue de mon père lui avait dit
qu’il saurait trouver où nous irions camper. Ma grand-mère avait un prénom
espagnol malgré qu’elle n’ait jamais mis les pieds dans ce pays : c’était
ses parents qui étaient né là-bas. Elle cultivait une certaine nostalgie de
cette contrée qu’elle ne connaissait pas. Le désir de faire plaisir à sa maman
avait pesé dans le choix de mon père. Lui, il était né à Arzew, un petit
village de pêcheur (à cette époque), où il avait côtoyé beaucoup d’espagnols.
En ce temps là, beaucoup d’entre eux venaient pêcher au large des côtes algériennes :
elles étaient réputées très poissonneuses. Certains s’y étaient même installés.
Mon père avait passé une partie de son enfance à les fréquenter. Il en avait
tiré une assez bonne connaissance de la langue ibérique et un certain désir de
connaître cette terre d’où venaient ces grands parents. L’occasion était trop
belle ! Et puis, il fallait étrenner notre magnifique Aronde avec un
voyage mémorable. Les préparatifs avaient été aussi excitants car il fallait s’équiper
de pied en cap pour notre escapade. « Le camping cela ne s’improvise
pas », avait déclaré mon père. Je l’accompagnerai donc au « vieux
campeur », un magasin spécialisé très connu. Il était à Paris et cela
avait été l’occasion d’une belle sortie du samedi. J’était émerveillé par ce
que je découvrais dans les rayons : une vraie caverne d’Ali Baba !
Sans nul doute, pour moi mon père passait pour un spécialiste du camping :
j’en ressentais une grande fierté. Et puis, tout ce matériel acheté avait à mes
yeux de gamin la valeur de présents de Noël. La tente, les piquets, cordes et
autres sacs de couchage avait remplis une bonne part du coffre de la rutilante
Aronde. Il devenait évident que celui-ci ne suffirait pas pour transporter nos
bagages et une galerie de toit allait bientôt compléter notre équipement. A la
dernière minute, ma grand-mère renonçât à nous accompagner car elle était
affligée d’un état de fatigue très important. Elle était très déçut, mes
parents et moi-même aussi. Cependant, quand je me remémore ce voyage qui tenait
en grande partie d’une expédition, il valait sans doute mieux qu’elle ne nous
accompagne pas. En fait, les bagages avaient envahis le coffre, remplis la
galerie et quelques sacs avaient finis sur la banquette arrière de
l’auto ! De plus, le voyage fut des plus long. Les routes nationales que
nous empruntions étaient très fréquentées, parfois même embouteillées, et les
performances de l’auto n’étaient pas très brillantes. En plus, le soleil était
de la fête et la voiture devenait vite un four. Nous avions fait escale chez
des cousins du coté d’Angoulême : le voyage avait pris deux jours. Cela
avait été aussi une occasion de les rencontrer. Ce voyage avait été une vraie
aventure, mais la récompense nous attendait à son terme : nous étions en
Espagne. L’installation de la tente toute neuve avait été une joie pour moi.
J’admirais la dextérité de mon père à manipuler cette carcasse de tubes, cette
poche de tissus suspendu à celle-ci et qui allait devenir la chambre et, enfin,
la toile qui allait parfaire l’œuvre. Même le montage des lits de camps avait
été une manipulation extraordinaire pour moi. C’était mes premières vraies
vacances et tout avait été si nouveau et inattendue ! C’était vraiment de
belles vacances. Le lendemain de notre arrivée, mon père avait essayé de
contacter son collègue mais l’adresse qu’il avait fournie était trop imprécise,
et personne ne semblait connaître l’endroit. Cependant, le jour d’après, une
surprise nous attendait à notre réveil : une personne appelait mon père à
l’extérieur de la tente. C’était lui ! Il nous invita chez lui pour nous
présenter sa famille, et nous étions resté une bonne partie de la journée avec
eux. Il nous donna rendez-vous pour le lendemain soir : nous irions dîner
dans un endroit très particulier. Le soir venu, il nous conduisit sur le port
en nous précisant que nous allions manger au « sardinero ». A notre sortie de voiture, nous
avions découvert que l’air était rempli de senteurs appétissantes. Plus loin,
nous allions découvrir de longs grils fumants installés à même les quais devant
les restaurants. De longues tables accompagnées de bancs étaient disposées
autour. Il y avait déjà beaucoup de monde qui dînait là. De la musique
traditionnelle et les rires des convives complétaient l’atmosphère de fête. Une
fois installé, l’ami de mon père expliqua que l’on pouvait choisir les sardines
que l’on voulait manger et qu’elles seraient cuisinées sur le grill, devant
nous, et que nous aurions une salade composée pour les accompagner. La salade était surtout
faite de tomates et elle était à volonté. Un énorme saladier avait été aussitôt
posé sur la table. C’était délicieux et le festin se termina tard dans la nuit.
L’ami de mon père, accompagné des siens, viendraient nous voir plusieurs fois
durant notre séjour. La plage, les longues promenades sur le front de mer, le
camping, tout cela avait été une merveilleuse découverte pour moi. C’était
vraiment de magnifiques vacances pour le gamin que j’étais.
A mon retour à l’école, j’avais tant de
choses à raconter à mes petits camarades ! Tout à ma joie, j’allais
oublier la déception de ma grand-mère, elle qui avait tant souhaitée voir la
terre de ses origines. Quelques années plus tard, elle allait nous quitter sans
avoir put réaliser son rêve.
Bien sûr, il y aurait d’autres vacances
et d’autres voyages mais jamais elles n’auraient le même goût que celles-ci.
La première voiture que mon père fit
acquisition était de marque Ford. En ce temps là, je n’étais qu’un bébé donc
les événements que je vais conter sont issus de recoupements à partir de ce que
m’ont raconté mes parents. La Ford n’était pas toute jeune. Elle avait était
fabriqué la même année que celle où mon père est né : 1927 ! Lors de
son achat, le véhicule avait donc plus de 25 ans… Sa couleur était en parfait
accord avec le dictat de Henry Ford, le fondateur de la célèbre marque. Il
avait dit quelque chose comme : « mes clients peuvent choisir
n’importe quelle couleur pour leur voiture à condition que cela soit
noir » ! Donc, la fameuse Ford de 1927 était noire et sa peinture
brillait de tous ses feux sous le soleil de l’Algérie. La voiture, faute de
moyen, n’avait jamais été assurée. Les ballades en ville devenaient un jeu de
piste où il fallait éviter les situations embarrassantes : les manœuvres
hasardeuses ou les fautes de conduite devant un agent de la force publique. Les
contrôles intempestifs des papiers du véhicule étaient devenus la hantise de
mon père, mais le soleil d’Afrique fait pardonné bien des choses et il n’eu
jamais de problème. Même lorsqu’une fois, en panne de frein, il réussissait à
garer la voiture en la laissant aller de son propre élan, moteur coupé, se
ranger sur le bord du trottoir le plus proche. Le frottement des pneus contre
celui-ci avait amené la touche finale… Tout ceci c’était passé sous les yeux
d’un policier, qui ne trouva rien à redire sur la manière un peu cavalière
d’arrêté une voiture. Une autre fois qu’il emmenait des membres de la famille à
la plage, une des portes de derrière s’était déverrouillé. Quand la porte
s’ouvrit, un des gamins, qui
s’entassaient sur la banquette arrière, tomba ! Après un magnifique
roulé-boulé, des plus involontaire, sur le bas coté, il se relevait sans une
égratignure. Par chance, l’accotement de la route était constitué de terre
meuble et d’herbe sauvage. C’était son jour de chance et un immense éclat de
rire concluait l’aventure. Lors d’une balade, une fumée commença soudain à
s’échapper du compartiment moteur. La voiture fut arrêtée immédiatement et garé
au bord du premier trottoir venu. Le capot une fois ouvert, mon père s’aperçut
que de petites flammes dansaient sur le bloc moteur. Un chiffon fut vite
trouver pour étouffer les flammèches et le début d’incendie fut immédiatement
maîtrisé et vaincu de main de maître. Une fois le sourire revenu sur le visage
de mes parents, ils s’aperçurent que la Ford était garé devant une caserne de
pompier ! Ce devait être l’heure de la sieste pour nos fiers combattants
du feu !!!
La Ford ce n’était pas l’Aronde, mais
elle avait un charme certain !
Un jour, mon cousin vint passer une
semaine de vacances chez nous, pendant les congés scolaires. Il était un peu
plus âgé que moi et il était plutôt turbulent. Un ami de la famille était parti
dans le sud rendre visite à mon oncle et ma tante et il en revint accompagné du
gamin. Comme convenu, il l’avait amené chez nous. La semaine n’avait pas été de
tout repos pour mes parents et on ne peut pas dire qu’il ait eu la meilleure
influence sur moi-même. Enfin, sa visite avait été de courte durée… Le dimanche
suivant, nous devions l’emmener à Paris pour que la même personne puisse le
prendre en charge et le ramener chez lui. Les trains étant rares ce jour là,
mon père proposa de lui fixer un rendez-vous dans la capitale, à l’heure et au
lieu qui lui convenait. Ce serait en fin d’après midi, au jardin des plantes,
devant l’entrée principale. Dieu seul sait pourquoi le jardin des plantes avait
été choisi. Devant le refus de ma mère de les accompagner, il avait dit qu’il
me prendrait avec lui. La perspective de faire un tour avec mon père, et en
plus dans l’Aronde de couleur noire, avait remplie mon cœur de joie. J’étais
particulièrement fier de prendre place dans la Simca car mon père m’avait
expliqué que ce n’était pas l’Aronde de tout le monde : c’était une « Aronde
1300 Montlhéry » ! Cette version était censée être équipée d’un
moteur spécial un peu plus puissant que le normal : le moteur 1300
Flash ! En fait, ce nom avait été donné à ce model car une de ces voitures
avait établie un recours sur l’ancien circuit de vitesse de Montlhéry. La
voiture avait roulé jour et nuit et avait parcouru cent mille kilomètres sans
problème, à une moyenne de plus de cent à l’heure. Les seuls arrêts avaient été
pour ravitailler le véhicule en essence et pour changer régulièrement de pilote.
J’avais appris tout ça en lisant des magazines de bandes dessinés qu’un ami à
mon père lui avait donné pour moi. Ces magazines s’appelaient
« Pilote » et comportaient toujours quelques articles des plus
intéressants à mes yeux d’enfant. Je mettais un point d’honneur à prouver à mes
petits camarades que je savais tout au sujet des « Arondes 1300 Montlhéry »
et, bien sûr, je finissais mon speech par un « mon papa en a une, une
vraie… ». La voiture était particulièrement rutilante ce jour là et elle
brillait de tous ses chromes. Le trajet avait été une fête pour moi, même si je
devais m’asseoir derrière car c’est mon cousin qui paradait devant, assis à
coté de mon père. Une fois la voiture garée, l’endroit du rendez-vous trouvé et
le « colis » livré, mon père avait dit qu’il fallait se presser de
partir et que, avec un peu de chance, il pourrait me montrer quelque chose
d’étonnant. Nous retournâmes à l’auto et mon père entrepris d’ouvrir sa
portière, mais la clé rentrait avec difficulté et n’opérait pas le
déclenchement de la serrure. La situation était des plus embarrassante. Je lui
suggérait qu’une des portes était peut être resté avec sa serrure non fermée.
En effet, la porte de derrière et du même coté s’ouvrit sans problème, et
permit d’accéder à l’intérieur du véhicule et ouvrir la porte récalcitrante.
Une fois installé, mon père entrepris de démarrer la voiture, mais la clé de
contact refusait de tourner dans son logement. Déjà des hypothèses
fusaient : un larron avait essayé de voler la voiture et n’avait réussi
que de casser les différentes serrures, ou bien… Mon père était là de ces
réflexions amères, quand je m’aperçus que deux voitures devant celle-ci il y
avait une autre Aronde de couleur noire. Nous nous étions trompé de
voiture ! L’incident nous fit beaucoup rire. Au retour, nous nous étions
arrêté à une porte de Paris. Mon père m’avait dit que comme j’aimais les
voitures, nous allions en voir et que celles-ci je ne les oublierais pas. Après
le démantèlement des bases militaires américaines et le départ des soldats, il
restait beaucoup de voitures américaines et leurs ventes avaient été organisées
par de petits malins, aux portes de la capitale. La visite m’avait plu. Les
monstres d’acier et de chrome m’avaient beaucoup impressionnés ! Quelle délicieuse
après-midi se fut !
En partant, mon père dit en rigolant
que : « au moins une comme celle-là, on ne peut pas la confondre avec
la notre ». Je pourrais ajouter maintenant que comme pour les trains, une
Aronde peut en en cacher une autre…
Un jour que je m’amusais avec un petit
camarade dans la cours derrière l’immeuble, une mésaventure arriva. Mon copain
était gentil mais il aimait beaucoup m’agacer et était toujours prompte à me
lancer des défis. Avec lui, j’étais passé par un trou du grillage qui clôturait
la cour pour escalader la pente pleine d’orties qui menait aux voies ferrées.
Il m’avait dit : « t’es pas cap (capable) d’aller voir les
locomotives de près ». Heureusement, les orties et la forte pente avaient
limités notre dangereuse escapade à quelques mètres après le grillage !
Cela avait suffit pour subir quelques morsures de ces maudits végétaux sur nos
jambes. A l’époque, les enfants portaient souvent des culottes courtes, qui
livraient leurs jambes nues aux écorchures et petits bobos de toutes sortes.
Une autre fois, le défit avait été d’aller voir les trésors que contenait la
baraque en planche du fond de la cour. L’édifice était vétuste, et nous avions
découvert qu’une paroi possédait une planche vermoulue. Elle ne demandait qu’à
se déclouer pour nous livrer le passage. Enfin, nous allions pénétrer dans
« la grotte d’Ali Baba ». En fait, l’endroit poussiéreux ne contenait
que des vieilleries et moult toiles d’araignée. Notre trésor était constitué d’une
baguette en roseau, d’un vieux parapluie cassé et d’une grosse bouteille
ventrue pouvant contenir plusieurs litres de liquide. Notre principal butin
était la poussière qui nous recouvrait et les quelques écorchures, stigmates de
notre aventure : l’explication de ma mise et de mes blessures avait été
dur à fournir à ma mère ! Un autre jour, il me provoqua dans une
compétition de claques. Au début, les tapes n’étaient pas fortes et les
réactions de l’autre pour les éviter, nous faisaient rires à gorges déployées.
Mon camarade ne voulait pas s’arrêter là, et il m’asséna une gifle qui fit
rougir ma joue et me fit vraiment mal. Je le menaçais de lui envoyer mon poing
dans la figure s’il faisait mine de continuer. Mon ultimatum fut accueillit par
un « t’es pas cap… » qui déclencha ma riposte. Sa lèvre saignait et
il repartit chez lui en pleurant. Le lendemain, il revint à la charge comme
s’il ne s’était rien passé, et nous jouâmes de nouveaux ensembles. A quelques
temps de là, un autre jeu se termina mal. Cette fois là, nous étions gagner par
l’ennuie et aucune de mes suggestions de jeu ne trouvaient grâce à ces yeux. Il
était nerveux et je sentais qu’il préparait un mauvais coup. Il s’était saisit
de la baguette de roseau et entrepris de me poursuivre pour essayer de me
frapper dans les jambes. Les morsures de la badine se faisaient cinglantes et
provoquaient des marques rouges sur ma peau. Plus je criais pour l’arrêter et
courrais, plus cela le faisait s’esclaffer et l’encourageait à continuer. Sous un appentis, il y avait un tas de
vielles planche de bois et je m’en saisissait d’une. Je lui dis que s’il
continuait, j’allais riposter avec ma planche. Le « t’es pas cap »
habituel allait déclenché le coup sur ses jambes offertes à mon courroux. Malheureusement,
la planche possédait un unique clou et il était rouillé. La pointe avait
transpercé les chaires et le sang se mis à couler. Une fois ma mère prévenue,
le gamin en pleur fut conduit chez le pharmacien, qui lui donna les soins
nécessaires. La mère du chenapan avait été prévenue et pénétrait comme une
furie dans l’échoppe. Ma mère la calma d’un « vous avez vu les marques sur
les jambes de mon fils », qui lui fit passé l’envie d’être agressive. Nos
deux mères, après une conversation courte et animée, décidèrent qu’il était
préférable que les deux chenapans ne resteraient plus ensemble seul. J’avais
été puni et, pour quelques jours, je n’étais plus autorisé à aller jouer dans
la cour.
Le sermon que m’avait infligé mon père
et la peur des conséquences de mon acte m’avaient fait prendre conscience de me
méfier des défis stupides.
La boulangerie se situait sur le même
trottoir à deux ou trois commerces de l’immeuble. J’aimais beaucoup quand ma
mère me demandait d’y aller pour acheter le pain. Quelques fois, elle me
donnait un peu de monnaie pour m’acheter des sucreries. Bien sûr, j’aimais ces
petites récompenses, mais ce que j’appréciais par-dessus tout c’est les
senteurs de cette boutique. L’odeur du pain fraîchement sorti du four se mêlait
à celui des viennoiseries et des pâtisseries : c’était un univers emplit
de douceurs qui me faisaient saliver. De plus, ces courses à la boulangerie
représentaient de bonnes opportunités pour sortir. J’aimais beaucoup flâner,
regarder aux devantures des boutiques et observer les gens. Je me faisais
souvent réprimander car j’avais mis beaucoup trop de temps pour aller chercher
le pain. Je prétendais qu’il y avait eu beaucoup de monde à la boulangerie, et
que la chaîne s’étendait jusqu’à l’extérieur de la boutique. Ma mère faisait
semblant de me croire. D’ailleurs, ce n’était qu’un demi mensonge car, quelque
fois, il avait foule dans cette boutique. Ce jour là, au moment où je sortais
de l’échoppe avec mon pain à la main, mon attention fut accaparée par un
étrange remue-ménage sur le trottoir d’en face : quelques personnes
s’étaient attroupées et regardaient en l’air. Certains parlaient fort et
d’autres observaient. Une voie, alors, couvrit toutes les autres. Elle criait :
« ne faites pas ça, ne faites pas ça… ». A ce moment là, je vis qu’il
y avait une femme en peignoir qui était à sa fenêtre, au dernier étage de
l’immeuble. Elle était assise sur la rambarde et son corps penchait
dangereusement dehors. Il y eu un cri accompagné de la chute dans le vide de ce
corps. Les gens s’étaient écartés puis, vivement regroupés pour cacher le
corps. Un voisin avait très vite apporté une couverture pour recouvrir la
malheureuse. Il l’avait mis sur le corps et, sur l’injonction du libraire d’à
coté, la troupe avait un peu desserrée son étau. On pouvait maintenant
apercevoir une forme étendue à même le trottoir. La couverture était trop
courte pour dissimuler le corps disloqué, et après quelques essais, on préféra recouvrir
complètement le haut du corps, seul dépassait un peu de ses cheveux auréolés de
rouge, et ses pieds. Un pied était nu et l’autre était toujours chaussé d’une
mule. Des spasmes nerveux les avaient fait tressauter deux ou trois fois. Tout
ceci s’était passé devant mes yeux incrédules ! Je choisissais de vite
courir chez moi pour conter à ma mère l’aventure. Ce n’est qu’une fois arrivé
dans l’immeuble que je réalisais ce qui s’était vraiment passé. J’étais assez
choqué et cela a pris un bon moment pour que je raconte tout à mes parents.
C’était le premier mort que je n’est
jamais vu et, c’est à cause de cette couverture trop courte que j’avais assisté
à ce détail grotesque : les pieds de la morte bougeait encore. Cette image
allait me perturber longtemps.
Le soir, j’étais toujours fort
impatient de voir mon père, et donc je guettais son arrivé par la fenêtre. La
gare se situant de l’autre coté de la rue, il était aisé de voir les gens en
sortir. Quelques fois, dès que je l’apercevais, je me précipitais dans les
escaliers pour l’attendre sur le pas de la porte de l’immeuble. Dans ces
occasions, je me faisais toujours un peu gronder car je n’étais pas autorisé à
sortir. Les remontrances étaient de courte durée et sans réel sérieux. Il est
vrai que l’avenue qui est située devant l’immeuble est fréquentée car elle est
l’artère principale de la ville. Le trafique s’intensifiant avec le temps, bien
des années plus tard elle fut mis à sens unique. Mes parents m’interdisaient
formellement de traverser la dangereuse avenue. Pourtant, quand il fallut pour
moi aller seul à l’école, je la traverserai deux fois par jour. Bienheureusement,
il y avait un feu de signalisation devant l’immeuble et ma mère me faisait
traverser le matin. A mon retour de l’école, je prenais toujours garde de
traverser quand le feu était rouge : j’étais un petit garçon espiègle mais
je suivait au mieux les règles imposées par mes parents. Ce fameux soir, j’étais
à mon poste d’observation et dès que j’aperçus mon père, je fus pris d’une immense
joie et je me précipitais dehors. Les marches de l’escalier furent descendus
quatre à quatre, et une fois sur le trottoir, je vis que mon père entrait de
nouveau dans la gare : peut être voulait-il acheter son journal au
kiosque, ou bien une autre de ces bandes dessinées qui me faisait tant plaisir.
Tout à mon excitation, j’avais jeté un regard rapide à l’avenue : elle
semblait être déserte. Dans un élan, j’entrepris de la traverser en courant alors
que, d’habitude, je ne le faisais jamais. La sanction fut immédiate : une
voiture me percuta. Le véhicule ne roulait pas très vite, mais le choc fut tout
de même violent. Je fus projeté à une dizaine de mètres. L’accident aurait pu
avoir des conséquences dramatiques, mais voila, c’était mon jour de chance. L’atterrissage
avait été rude, mais mon corps avait roulé sur les pavés : j’étais sonné
mais je n’avais rien de cassé ! Mon père, qui venait de ressortir de la
gare, s’était précipité vers le lien où j’étais. Le chauffard y était déjà. Le
hasard fait que ce dernier était docteur et donc, il pris immédiatement soin de
moi. Il me demandait où j’avais mal et, dans une demi torpeur, je répondis que
j’avais mal à la tête et que j’avais sommeil. Sa décision fut rapidement prise,
il dit à mon père qu’il allait nous conduire au cabinet d’un de ses confrères.
Là bas, il pourrait m’examiner et me faire passer des radios. La mauvaise
blague s’était conclut par une petite heure de demi conscience, quelques
ecchymoses et une grosse frayeur. Les maux de tête ne furent plus qu’un mauvais
souvenir après une bonne nuit de sommeil. Je restais quelques jours à la
maison, puis retournait à l’école. Le protagoniste de l’accident vint prendre
de mes nouvelles deux ou trois fois puis, rassurées, il disparu comme dans un
mauvais rêve.
Personne n’avait pensé à m’amener à l’hôpital et la mésaventure
aurait pu très mal se terminer ! Quoiqu’il en soit, tout revint dans
l’ordre et la leçon devait porter ses fruits : dorénavant, je ferais
attention en traversant…
Quand j’y repense, je me dis qu’un jeune enfant se comporte quelque
fois en chat : il retombe sur ses pattes et a plus d’une vie !
Les dimanches après midi, quand le
temps le permettait, nous faisions de grandes ballades qui se terminaient
immanquablement au jardin public. C’était un grand parc arboré, où il faisait
bon flâner. Nos escapades dominicales étaient limitées en distance par le fait
que nous nous ne possédions pas de moyen de transport, excepté le fameux vélo
de ma mère. Un jour, mon père nous avait dit qu’il nous préparait une surprise
pour le samedi suivant. Au jour dit, il sortie le matin et nous disant qu’il
devait voir un collègue, qu’il serait de retour dans une heure ou deux et
que « l’on verrait ce que l’on verrait ». L’expression de mon père
m’avait amusé et aiguisé ma curiosité : j’attendrait son retour avec
impatience. Il fut de retour pour l’heure du déjeuner. Il arborait un grand
sourire et il nous convia à le suivre dans la cour derrière l’immeuble. Dans le
couloir qui menait à la cour, il y avait une moto. Mon père nous avait dit un
« c’est à nous maintenant » qui m’avait beaucoup impressionné. Elle
était peinte dans un vert assez clair, entièrement, même les roues, et elle m’apparaissait
énorme avec son large phare, son réservoir imposant et ses deux selles
recouvert de plastique brun et munies de gros ressorts. « C’est une René
Gillet 250 » avait claironné mon père. Je compris bien plus tard que
« René Gillet » était la marque et « 250 » le nombre de
centimètre cube du moteur. Le lendemain à l’école, j’épaterai mes petits camarades
en leur affirmant fièrement que mon papa possédait une « René Gillet
250 ». Pour l’heure, mon père disait qu’il était temps d’aller déjeuner
mais qu’après nous irions faire un tour avec la « René Gillet ». L’après
midi, il installa ma mère sur la selle de derrière et me fit asseoir devant
lui, sur le réservoir. L’engin avait été prestement démarré d’un coup de kick.
Le moteur s’était aussitôt mis à pétarader et nous partîmes, sans attendre, vers de nouvelles
aventures ! Nous étions allé jusqu’à l’autre bout de la ville, puis sur
les bords de la Marne. C’était un bel après midi ensoleillé et la balade
m’avait enchantée. Nous fîmes souvent de telles ballades et à chaque fois mon
cœur se remplissait de joie. Quand un autre gamin venait me rendre visite, je
lui montrai immanquablement la « René Gillet ». J’en profitais pour
me hisser sur l’engin au risque de le faire tomber, et je faisait semblant de
conduire, tout en imitant le bruit du moteur avec ma bouche. C’est lors d’une
de nos escapades dominicales que par hasard nous étions passé devant le grand
garage à l’entrée de la ville. Mon père arrêta la moto pour jeter un coup
d’oeil aux voitures d’occasion qui étaient garé à l’extérieur. Mon regard avait
bientôt été attiré par une auto qui trônait sur un podium incliné qui la
mettait en position de presque s’envoler dans les airs. C’était une
« Simca Aronde » de couleur noir. Mon père avait dit qu’elle était
belle mais probablement pas dans nos moyens. Quelques semaines plus tard, il
l’avait acheté !