Souvenirs d’avant

        J’ai dit précédemment que je n’avais pas de souvenirs de ma famille de l’époque de l’Algérie, en fait, quelques flashs me reviennent en mémoire. Je ne me rappelle de mes grands pères que grâce à leurs barbes. Ils m’aimaient beaucoup et quand ils m’embrassaient, les poils de leurs barbes me piquaient le visage. La mémoire de la petite enfance est souvent faite de bribes de sensations plus que d’image. Le brouillard de l’enfance est ainsi fait. Je me rappelle aussi d’une chute qui m’avait fait beaucoup pleurer. Je revoie confusément la scène : ma main tenait une courroie et une violente tension de celle-ci m’avait fait chuter dans des escaliers. Plus tard, en parlant à ma mère, je sue le détail de l’histoire. En ce temps là, nous habitions un appartement dans l’entresol d’un immeuble du centre d’Oran et il fallait descendre deux marches pour y accéder. Nous avions une jeune chienne, peut être de race caniche, qui était assez turbulente et joueuse. Ce trait de caractère avait donné l’idée à mes parents de l’appeler « Follette ». Un jour que ma mère avait oublié de lui enlever sa laisse après l’avoir sortie, je l’ai saisie : il n’y avait pas de raison que je ne puisse pas, moi aussi, promener Follette ! Ce qui devait arriver arriva, Follette m’entraîna à sa suite : mes forces n’étaient pas suffisantes pour la retenir ! L’escalier mis un point final à mon aventure…