Jeanne Rose, son œuvre et dans ses œuvres…
Jeanne Rose avait déjà écrit des recueils de poésies qui avaient
été publié, et elle avait acquit une petite notoriété dans le microcosme
littéraire. Elle vivait entièrement dans son monde et négligeait les réalités
de la vie. Elle était comme droguée par son art. Elle s’exprimait de belle
façon avec des mots choisis, ignorant que le commun des mortels n’avait cure de
ses manières. Probablement, peu de gens l’écoutaient vraiment. Ma mère faisait
de gros effort pour être sur sa longueur d’onde, ce qui l’avait mise en
position d’auditrice privilégiée : sa chaleur naturelle et sa patience
avait brisées le mur d’une certaine incompréhension. Elles étaient devenues de vraies
amies. La place qu’occupait ma mère dans la vie de Jeanne Rose avait fait d’elle
sa confidente. Jeanne Rose débarquait à la maison à toutes heures du jour, pour
entretenir ma mère de ses inspirations et de ses peurs. Ma mère n’avait qu’à
écouter et l’encourager. Pendant ce temps là, elle devait cesser toute
activité : si elle effectuait une tache ménagère, elle devait la reprendre
plus tard, si c’était l’heure de déjeuner, elle devait finir de manger après
son départ… Pour nous, mon père et moi, ses visites intempestives nous avaient
fait sourire au début, et c’était bien pour ma mère qu’elle eu une si grande
amie, mais après quelques temps, son insistance à arriver à n’importe quelle heure
commençait à nous perturber. Mon père avait dit à ma mère de demander à son
amie d’essayer de respecter un peu notre intimité, et que si elle voulait
partager notre repas, elle était la bienvenue, mais qu’au moins nous puissions
dîner en paix. Elle écrivait un nouveau recueil et, quand elle était fâchée
avec la muse, elle devenait dépressive. Parler avec ma mère devait sans doute
calmer ses angoisses et l’aider dans son oeuvre. Un jour, je devrai dire une
nuit, Jeanne Rose, prise d’une inspiration soudaine, avait fini l’écriture de
son livre en une fois et décida de le lire à ma mère. Il devait être deux ou
trois heures du matin ! … Son recueil fut salué par un jury spécialisé et
elle obtint une récompense : la Rose d’Or de …, je ne me souvient plus de
l’intitulé complet.
On peut dire que la Jeanne Rose avait obtenue la Rose d’Or !
Quoi de plus naturel !
Jeanne Rose avait gentiment associée ma mère à son succès, et elle
affirmait, à qui voulait l’écouter, qu’elle n’aurait pas put finir son œuvre
sans l’aide de sa grande amie (ma mère) et que c’était grâce à elle si elle
avait obtenu cette magnifique récompense. Même si le propos était exagéré, d’un
certain coté c’était vrai.
Après peut être deux ans, Jeanne Rose et sa famille déménagèrent
pour aller vivre dans le sud. Les amies avaient correspondu pendant un certain
temps, puis le contact fut brisé.