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Au lion d'or
Au lion d'or
  • C'est un roman autobiographique dont l'action se situe dans mes jeunes années. C'est, avant tout, une suite de petites histoires qui peuvent être lues séparement. Vous êtes bienvenue sur mon blog: "Au lion d'or"!
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Au lion d'or
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17 juin 2007

La couverture

        La boulangerie se situait sur le même trottoir à deux ou trois commerces de l’immeuble. J’aimais beaucoup quand ma mère me demandait d’y aller pour acheter le pain. Quelques fois, elle me donnait un peu de monnaie pour m’acheter des sucreries. Bien sûr, j’aimais ces petites récompenses, mais ce que j’appréciais par-dessus tout c’est les senteurs de cette boutique. L’odeur du pain fraîchement sorti du four se mêlait à celui des viennoiseries et des pâtisseries : c’était un univers emplit de douceurs qui me faisaient saliver. De plus, ces courses à la boulangerie représentaient de bonnes opportunités pour sortir. J’aimais beaucoup flâner, regarder aux devantures des boutiques et observer les gens. Je me faisais souvent réprimander car j’avais mis beaucoup trop de temps pour aller chercher le pain. Je prétendais qu’il y avait eu beaucoup de monde à la boulangerie, et que la chaîne s’étendait jusqu’à l’extérieur de la boutique. Ma mère faisait semblant de me croire. D’ailleurs, ce n’était qu’un demi mensonge car, quelque fois, il avait foule dans cette boutique. Ce jour là, au moment où je sortais de l’échoppe avec mon pain à la main, mon attention fut accaparée par un étrange remue-ménage sur le trottoir d’en face : quelques personnes s’étaient attroupées et regardaient en l’air. Certains parlaient fort et d’autres observaient. Une voie, alors, couvrit toutes les autres. Elle criait : « ne faites pas ça, ne faites pas ça… ». A ce moment là, je vis qu’il y avait une femme en peignoir qui était à sa fenêtre, au dernier étage de l’immeuble. Elle était assise sur la rambarde et son corps penchait dangereusement dehors. Il y eu un cri accompagné de la chute dans le vide de ce corps. Les gens s’étaient écartés puis, vivement regroupés pour cacher le corps. Un voisin avait très vite apporté une couverture pour recouvrir la malheureuse. Il l’avait mis sur le corps et, sur l’injonction du libraire d’à coté, la troupe avait un peu desserrée son étau. On pouvait maintenant apercevoir une forme étendue à même le trottoir. La couverture était trop courte pour dissimuler le corps disloqué, et après quelques essais, on préféra recouvrir complètement le haut du corps, seul dépassait un peu de ses cheveux auréolés de rouge, et ses pieds. Un pied était nu et l’autre était toujours chaussé d’une mule. Des spasmes nerveux les avaient fait tressauter deux ou trois fois. Tout ceci s’était passé devant mes yeux incrédules ! Je choisissais de vite courir chez moi pour conter à ma mère l’aventure. Ce n’est qu’une fois arrivé dans l’immeuble que je réalisais ce qui s’était vraiment passé. J’étais assez choqué et cela a pris un bon moment pour que je raconte tout à mes parents.

 C’était le premier mort que je n’est jamais vu et, c’est à cause de cette couverture trop courte que j’avais assisté à ce détail grotesque : les pieds de la morte bougeait encore. Cette image allait me perturber longtemps.

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