Le clou rouillé
Un jour que je m’amusais avec un petit
camarade dans la cours derrière l’immeuble, une mésaventure arriva. Mon copain
était gentil mais il aimait beaucoup m’agacer et était toujours prompte à me
lancer des défis. Avec lui, j’étais passé par un trou du grillage qui clôturait
la cour pour escalader la pente pleine d’orties qui menait aux voies ferrées.
Il m’avait dit : « t’es pas cap (capable) d’aller voir les
locomotives de près ». Heureusement, les orties et la forte pente avaient
limités notre dangereuse escapade à quelques mètres après le grillage !
Cela avait suffit pour subir quelques morsures de ces maudits végétaux sur nos
jambes. A l’époque, les enfants portaient souvent des culottes courtes, qui
livraient leurs jambes nues aux écorchures et petits bobos de toutes sortes.
Une autre fois, le défit avait été d’aller voir les trésors que contenait la
baraque en planche du fond de la cour. L’édifice était vétuste, et nous avions
découvert qu’une paroi possédait une planche vermoulue. Elle ne demandait qu’à
se déclouer pour nous livrer le passage. Enfin, nous allions pénétrer dans
« la grotte d’Ali Baba ». En fait, l’endroit poussiéreux ne contenait
que des vieilleries et moult toiles d’araignée. Notre trésor était constitué d’une
baguette en roseau, d’un vieux parapluie cassé et d’une grosse bouteille
ventrue pouvant contenir plusieurs litres de liquide. Notre principal butin
était la poussière qui nous recouvrait et les quelques écorchures, stigmates de
notre aventure : l’explication de ma mise et de mes blessures avait été
dur à fournir à ma mère ! Un autre jour, il me provoqua dans une
compétition de claques. Au début, les tapes n’étaient pas fortes et les
réactions de l’autre pour les éviter, nous faisaient rires à gorges déployées.
Mon camarade ne voulait pas s’arrêter là, et il m’asséna une gifle qui fit
rougir ma joue et me fit vraiment mal. Je le menaçais de lui envoyer mon poing
dans la figure s’il faisait mine de continuer. Mon ultimatum fut accueillit par
un « t’es pas cap… » qui déclencha ma riposte. Sa lèvre saignait et
il repartit chez lui en pleurant. Le lendemain, il revint à la charge comme
s’il ne s’était rien passé, et nous jouâmes de nouveaux ensembles. A quelques
temps de là, un autre jeu se termina mal. Cette fois là, nous étions gagner par
l’ennuie et aucune de mes suggestions de jeu ne trouvaient grâce à ces yeux. Il
était nerveux et je sentais qu’il préparait un mauvais coup. Il s’était saisit
de la baguette de roseau et entrepris de me poursuivre pour essayer de me
frapper dans les jambes. Les morsures de la badine se faisaient cinglantes et
provoquaient des marques rouges sur ma peau. Plus je criais pour l’arrêter et
courrais, plus cela le faisait s’esclaffer et l’encourageait à continuer. Sous un appentis, il y avait un tas de
vielles planche de bois et je m’en saisissait d’une. Je lui dis que s’il
continuait, j’allais riposter avec ma planche. Le « t’es pas cap »
habituel allait déclenché le coup sur ses jambes offertes à mon courroux. Malheureusement,
la planche possédait un unique clou et il était rouillé. La pointe avait
transpercé les chaires et le sang se mis à couler. Une fois ma mère prévenue,
le gamin en pleur fut conduit chez le pharmacien, qui lui donna les soins
nécessaires. La mère du chenapan avait été prévenue et pénétrait comme une
furie dans l’échoppe. Ma mère la calma d’un « vous avez vu les marques sur
les jambes de mon fils », qui lui fit passé l’envie d’être agressive. Nos
deux mères, après une conversation courte et animée, décidèrent qu’il était
préférable que les deux chenapans ne resteraient plus ensemble seul. J’avais
été puni et, pour quelques jours, je n’étais plus autorisé à aller jouer dans
la cour.
Le sermon que m’avait infligé mon père
et la peur des conséquences de mon acte m’avaient fait prendre conscience de me
méfier des défis stupides.