L’accident
Le soir, j’étais toujours fort
impatient de voir mon père, et donc je guettais son arrivé par la fenêtre. La
gare se situant de l’autre coté de la rue, il était aisé de voir les gens en
sortir. Quelques fois, dès que je l’apercevais, je me précipitais dans les
escaliers pour l’attendre sur le pas de la porte de l’immeuble. Dans ces
occasions, je me faisais toujours un peu gronder car je n’étais pas autorisé à
sortir. Les remontrances étaient de courte durée et sans réel sérieux. Il est
vrai que l’avenue qui est située devant l’immeuble est fréquentée car elle est
l’artère principale de la ville. Le trafique s’intensifiant avec le temps, bien
des années plus tard elle fut mis à sens unique. Mes parents m’interdisaient
formellement de traverser la dangereuse avenue. Pourtant, quand il fallut pour
moi aller seul à l’école, je la traverserai deux fois par jour. Bienheureusement,
il y avait un feu de signalisation devant l’immeuble et ma mère me faisait
traverser le matin. A mon retour de l’école, je prenais toujours garde de
traverser quand le feu était rouge : j’étais un petit garçon espiègle mais
je suivait au mieux les règles imposées par mes parents. Ce fameux soir, j’étais
à mon poste d’observation et dès que j’aperçus mon père, je fus pris d’une immense
joie et je me précipitais dehors. Les marches de l’escalier furent descendus
quatre à quatre, et une fois sur le trottoir, je vis que mon père entrait de
nouveau dans la gare : peut être voulait-il acheter son journal au
kiosque, ou bien une autre de ces bandes dessinées qui me faisait tant plaisir.
Tout à mon excitation, j’avais jeté un regard rapide à l’avenue : elle
semblait être déserte. Dans un élan, j’entrepris de la traverser en courant alors
que, d’habitude, je ne le faisais jamais. La sanction fut immédiate : une
voiture me percuta. Le véhicule ne roulait pas très vite, mais le choc fut tout
de même violent. Je fus projeté à une dizaine de mètres. L’accident aurait pu
avoir des conséquences dramatiques, mais voila, c’était mon jour de chance. L’atterrissage
avait été rude, mais mon corps avait roulé sur les pavés : j’étais sonné
mais je n’avais rien de cassé ! Mon père, qui venait de ressortir de la
gare, s’était précipité vers le lien où j’étais. Le chauffard y était déjà. Le
hasard fait que ce dernier était docteur et donc, il pris immédiatement soin de
moi. Il me demandait où j’avais mal et, dans une demi torpeur, je répondis que
j’avais mal à la tête et que j’avais sommeil. Sa décision fut rapidement prise,
il dit à mon père qu’il allait nous conduire au cabinet d’un de ses confrères.
Là bas, il pourrait m’examiner et me faire passer des radios. La mauvaise
blague s’était conclut par une petite heure de demi conscience, quelques
ecchymoses et une grosse frayeur. Les maux de tête ne furent plus qu’un mauvais
souvenir après une bonne nuit de sommeil. Je restais quelques jours à la
maison, puis retournait à l’école. Le protagoniste de l’accident vint prendre
de mes nouvelles deux ou trois fois puis, rassurées, il disparu comme dans un
mauvais rêve.
Personne n’avait pensé à m’amener à l’hôpital et la mésaventure
aurait pu très mal se terminer ! Quoiqu’il en soit, tout revint dans
l’ordre et la leçon devait porter ses fruits : dorénavant, je ferais
attention en traversant…
Quand j’y repense, je me dis qu’un jeune enfant se comporte quelque
fois en chat : il retombe sur ses pattes et a plus d’une vie !