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Au lion d'or
Au lion d'or
  • C'est un roman autobiographique dont l'action se situe dans mes jeunes années. C'est, avant tout, une suite de petites histoires qui peuvent être lues séparement. Vous êtes bienvenue sur mon blog: "Au lion d'or"!
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Au lion d'or
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3 mai 2007

Une autre…

Cette histoire d’agression m’en rappelle une autre qui s’était produit deux ans auparavant. C’était en 1959, l’époque où mon père était en métropole, et ma mère et moi toujours en Algérie. Ma mère, voulait aller au cimetière fleurir la tombe de son père, la nettoyer et se recueillir un moment. En effet, mon grand-père avait quitté ce monde un an auparavant. La famille avait essayée de dissuader ma mère d’y aller car, à cause des événements, la ville n’était pas sûre et les autorités conseillaient à la population de limiter les déplacements au strict nécessaire. Tout les jours, il y avait de nouvelles agressions, et même des bombes avaient explosées en pleine journée à Alger et à Oran, faisant de nombreuses victimes. Oran était la ville où nous habitions. Cependant, ma mère ne l’entendait pas de cette oreille, et elle décida, malgré tout, qu’elle devait faire ça par respect à la mémoire de mon grand-père. Elle avait décidé aussi que je l’accompagnerai. Elles disaient que ces gens là étaient en conflit avec les vivants, et non pas avec les morts, et pourquoi attaqueraient-ils une jeune femme et un petit enfant. Oui, pourquoi ? Elle avait oubliée que souvent la violence n’a pas besoin de raison pour éclater, et que certains contextes poussent les hommes à faire des choses insensées. La guère était de ceux là. Il faisait beau ce jour là, mais les rues n’étaient pas très animées. Le cimetière était loin de la maison, trop loin pour mes petites jambes qui commençaient à flancher. Déjà, ma mère qui me tenait la main, avait du me tirer deux ou trois fois, et nous n’étions qu’à mi-distance. Elle se décida à me prendre dans ses bras, puis me reposa quand nous fûmes arrivé devant le long mur d’enceinte du cimetière. Celui-ci donnait sur une large place écrasée de soleil. En face, il y avait un bar, et trois militaires étaient attablés à la terrasse. Ils discutaient sous un parasol et sirotaient leurs anisettes. Ma mère avait observé un moment se mur avec une forte envie de pleurer : au dessus de celui-ci couraient des mauvaises herbes. C’était le signe de l’abandon du lieu. L’endroit avait été de tout temps très bien entretenu, et maintenant celui-ci devait ressembler à une « forêt vierge ». La peur avait fait que les vivants semblaient avoir oublier leurs morts. Elle en était là de ses réflexions, quand soudain une bande de jeunes arabes apparurent sur le faîte du mur. Ils criaient très forts et nous insultaient, puis ils nous jetèrent des pierres. L’attaque avait été si soudaine ! Alors, par réflexe, ma mère m’entoura de ses bras pour me protéger, puis pivota sur elle-même pour chercher de l’aide auprès des militaires. Ceux ci rigolaient très fort (il devaient ce croire dans un film) et ils ne consentirent à se lever que quand ma mère leur sortit deux ou trois vérités, qui les avaient bien vexé. Ils avaient fait fuir les stupides et agressifs gamins. Une pierre m’avait blessé au front et un peu de sang coulait, mais la surprises et la peur m’avait tétanisé et je ne pleurai pas : les sanglots restaient bloqué dans ma gorge. Après que je fus soigné et rassuré, nous entreprîmes, escorté par nos têtes vides en uniformes, d’aller voir si nous pouvions entrée dans le cimetière: un superbe cadenas condamnait l’ouverture des grilles d’entrée. Il fallait trouver le gardien pour avoir une chance de pénétrer dans l’enceinte. Il s’était barricadé chez lui. Après nous avoir dit que ce n’était pas raisonnable d’aller là bas, mais qu’après tout ma mère était assez grande pour décider de ce qu’elle avait à faire, il nous ouvrit les grilles. Notre escorte de militaires d’opérette avait disparu depuis longtemps. Le gardien avait dit qu’il ne pouvait pas nous aider à retrouver la tombe que nous cherchions, car depuis longtemps plus personne n’entretenait l’endroit, et qu’il avait fini par perdre ses points de repères, et que de toute façon il ne souhaitait pas nous accompagner. Il ajouta que nous pouvions y aller si nous le voulions, qu’il y avait un sceau plein d’eau là « en cas pour les fleurs », et que quand nous aurions fini on avait qu’à pousser les grilles, et qu’il les refermerait plus tard. Il était terrifié. Ma mère avait retrouvé la tombe et avait fait ce qu’elle avait décidé de faire. Nous restâmes un long moment. Ma mère avait beaucoup pleuré ce jour là.

Pendant cette période où nous étions seuls, ma mère pleurait souvent et chaque fois je l’embrassai et lui disait : « Ne pleur pas maman, tu es trop belle pour pleurer et quand je serai grand je me marierai avec toi… ».

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