Pourquoi ne portait-elle pas une djellaba et parlait français et non arabe ?
A notre arrivé dans l’immeuble, comme je l’ai dit précédemment,
c’était les événements d’Algérie et il circulait dans la tête des gens simples
de drôles d’idées. Certains pensaient que tous les Pieds noirs étaient des
colons, qui asservissaient les indigènes pour en tirer de gros profits : tous
les Pieds noirs étaient de sales profiteurs, qui tenaient leur fortune d’une
certaine utilisation de l’esclavagisme ! En fait, même si l’Algérie en ces
temps là ressemblait plus à une colonie qu’à un département français (comme
c’était officiellement le cas, d’ailleurs) la grande majorité des gens étaient des
employés et des ouvriers qui se faisaient exploiter, certes moins que les
indigènes, mais plus que les ouvriers et employés en métropole. Mes parents
étaient des ouvriers. La deuxième idée reçue était que les Pieds noirs,
puisqu’ils vivaient avec les Arabes (à comprendre : ces sauvages d’arabes)
ils devaient être des sauvages eux même et devaient être des sortes d’arabes.
Certaines personnes cumulent l’ignorance, la bêtise et un brin de racisme. La
mère Michelle devait faire partie de ce groupe d’élite : elle avait
demandé à ma mère, puisqu’elle venait de « là bas », pourquoi elle ne
portait pas une djellaba comme au bled et parlait français et non arabe. Le
soir même, mon père irait demander des explications et obtint des excuses de
nos « chers » voisins.
Enfin, ils étaient beaucoup plus bêtes que méchants.