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Au lion d'or
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  • C'est un roman autobiographique dont l'action se situe dans mes jeunes années. C'est, avant tout, une suite de petites histoires qui peuvent être lues séparement. Vous êtes bienvenue sur mon blog: "Au lion d'or"!
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9 juin 2007

Le fils de Jeanne Rose

        C’est à cette époque que ma mère rencontra Jeanne Rose D…, qui était poétesse. Elles tissèrent des liens d’amitié entre elle. Jeanne Rose était une femme élégante d’une trentaine d’années qui était marié à un docteur et avait un fils à peu près de mon age. Son fils était un enfant gâté et qui se retranchait toujours derrière son père : « Mon papa a dit ça, mon papa à cette voiture, mon papa est un docteur, mon papa est le plus grand, mon papa m’a acheter des patins à roulettes… ». Cela n’en finissait jamais. Et puis, parlons en de ces sacrés patin à roulette ! Nous avions été ensemble deux ou trois fois pour jouer : ma mère et Jeanne Rose avait imaginé que parce qu’elles étaient amies, nous pourrions le devenir aussi. La dernière fois que je l’ai vu, c’était devant la maison bourgeoise de ces parents et il portait ses fameux patins à roulettes à la main. Comme à son habitude il me cassa la tête avec des « c’est mon papa qui m’a acheté ces patins à roulettes, mon papa a choisi les plus beaux patins à roulettes, c’est mon papa qui m’a appris à faire du patin à roulettes… », puis il m’acheva par un « moi, je sais très bien en faire du patin à roulettes et toi t’es pas « cap. » (capable) d’en faire du patin à roulettes ». Je sentais que c’était un défit, et qu’il fallait m’exécuter pour fermer le clapet du morveux, et donc je lui avait dit que ce n’était pas si difficile que ça à utiliser et qu’il n’avait qu’à me montrer comment les chausser, et il verrait ce que j’étais capable d’en faire. Je les avais mis avec difficulté, puis avait essayé de me redresser en m’agrippant à une clôture. Une fois debout j’avais roulé quelques mètres puis j’étais tombé lourdement sur mon postérieur. Je réalisais à ce moment là que le trottoir était incliné de quelques degrés et que la pente conduisait à la chaussée. Le gamin se moqua bruyamment de moi, puis courut se cacher derrière sa mère, qui était dans le jardin de leur domicile. Je m’étais fait mal, mais la leçon était bonne et « douloureusement » éducative. Le piège avait été échafaudé de mains de maître. Jamais plus je ne le reverrai et il se passa des décennies avant que je rechausse une paire de ces « diables à roulettes » pour faire plaisir à ma fille, et que je refasse une autre chute mémorable et  très douloureuse…

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